Les buffets de Jean Gourjon

La menuiserie des quatre buffets de l'orgue de Montélimar est un chef-d'œuvre de l'entreprise Gourjon, le menuisier montilien qui en a assuré la conception, la fabrication et la mise en place. Cet ouvrage a exigé quelque trente grandes planches de dessins que Jean Gourjon ingénieur ETP a minutieusement dessinées, après avoir constitué une importante documentation sur les buffets d'orgues historiques et avoir acquis une bonne connaissance de la mécanique de l'orgue et des exigences de la facture.

H.B.

La menuiserie de chêne

Les buffets sont en chêne massif (de Bourgogne). Les moyens actuels facilitent l'application des techniques traditionnelles si fidèlement décrites au XVIIIe siècle par J.A. Roubo dans son Art du menuisier et Dom Bedos dans l'Art du facteur d'Orgue.

La modénature des multiples entablements qui couronnent les buffets est exécutée en application des ordres de l'architecture classique, empruntés aux modèles antiques ou au célèbre Traité de Vignole (1562)1. La mouluration très fouillée des panneaux des «grand-cadres» est celle qu'utilisaient les huchiers du milieu du XVIIe siècle. Les parties latérales, après plusieurs études, ont été divisés en compartiments de panneaux verticaux et horizontaux alternés dont les hauteurs vont en augmentant à mesure que l'on s'élève ; disposition classique des lambris dès le XVe siècle, utilisée dans les buffets à Uzes en 1694 ou à Bagnères-de-Bigorre en 1709 entre autres.

La sobriété de l'esthétique de la façade, choisie par l'expert organier H. Bin, rappelle cette simplicité que l'époque Louis XIII substitua à l'exubérance de la Renaissance, en apportant un très grand soin à l'exécution de la mouluration au détriment du décor sculpté.

En confiant la construction des buffets à un menuisier la municipalité de Montélimar, maître d'oeuvre, a renoué avec une pratique autrefois courante : Valréas 1667 Nicolas Beraud ; Grignan...

La sculpture

La sculpture des « clair-voirs », œuvre du peintre sculpteur Bernard Rey, enroule ses élégantes volutes aux sommets des compartiments de la montre qu'elle ferme avec bonheur. Les feuilles et les fleurs dégagées du « lignon » du chêne témoignent que le sculpteur puise toujours dans la nature l'essentiel de son inspiration.

Les dimensions

  • Hauteur : 7,83 m
  • largeur : 8,06 m
  • profondeur : 3,92 m

J.G.